Les Langues parlées en Thaïlande

Soixante-dix langues sont parlées en Thaïlande de nos jours et 93 % d’entre elles appartiennent à la famille linguistique tai-kadai (1). Voici la présentation des principales langues du royaume.

-Le thaï standard
La langue nationale est le thaï, appelé siamois dans le passé. Originaire du centre du pays, c’est aujourd’hui la langue maternelle d’environ 25 millions de Thaïlandais qui la nomment Passa klang (ภาษากลาง). Ce thaï standard est enseigné dans toutes les écoles du pays. Il permet donc à tous les citoyens du pays de communiquer entre eux et est utilisé pour la rédaction des documents officiels.
-Le thaï isan
Utilisé dans la région du Nord-Est, ce thaï isan (Passa isan en thaï – ภาษาอีสาน) ou lao-thaï regroupe environ 20 millions de locuteurs, dont bon nombre sont originaires du proche Laos. Comme son nom l’indique, cette langue est très proche de celle parlée par les Laotiens.
-Le thaï du Nord
Parlé dans le Nord de la Thaïlande par 6 à 7 millions de personnes, le thaï du Nord (passa nua – ภาษาเหนือ ou passa kam meuang – ภาษาคำเมือง) est surtout employé dans les provinces de Chiang Mai, Chiang Rai, Tak et Lampang. Tirant ces origines de l’idiome utilisé dans l’ancien royaume du Lan Na, cette langue ancienne, dont il existe plusieurs variantes régionales, s’est bâtie sur une base de thaï à laquelle sont venus s’ajouter des mots et des expressions mônes, shans et sanskrites. Son écriture, que peu de personnes maîtrisent encore de nos jours, est cependant remise en valeur depuis quelques temps ; on la trouve par exemple fréquemment sur les panneaux placés le long des routes à Chiang Mai.
-Le thaï du Sud
Utilisé par les populations qui vivent dans le nord de la péninsule malaise (à partir de la ville de Chumphon), le thaï du Sud (pak thaï – ภาคใต้) compte environ 5 millions de locuteurs. Il est constitué d’un savant mélange de mots thaïs et d’expressions d’origine malaise.
-Le yawi
Parlé par les Thaïlandais qui peuplent les provinces de l’extrême sud de la Thaïlande (provinces de Patani, Yala et Narathiwat) cette langue, très proche du malais, appartient à la branche malayo-polynésienne des langues austronésiennes et n’a pas grand chose en commun avec le thaï. Le yawi, aussi appelé le malais de Patani, compte un peu moins de 3 millions de locuteurs (les Jawi). Durant le XXe siècle, l’apprentissage de son écriture a progressivement été remplacé par celui du thaï dans les écoles de la région.
-Les langues tibéto-birmanes
En Thaïlande, les langues tibéto-birmanes sont utilisées par environ 300 000 individus appartenant aux minorités ethniques qui peuplent principalement les montagnes du nord de la Thaïlande (Akha, Lahu, Lisu, etc.). Ces populations, dont l’arrivée dans le royaume s’est faite durant tout le XXe siècle (en provenance de Birmanie et de Chine), ne possèdent en général pas (ou plus) d’écriture.
-Les langues miao-yao
Utilisées par les 150 000 Hmong et les 50 000 Yao qui peuplent les montagnes du nord de la Thaïlande depuis un peu plus d’un demi-siècle, les langues appartenant au groupe linguistique miao-yao (ou hmong-mien) appartiennent, comme le taï-kadaï, à la grande famille des langues austro-thaï.
Les autres langues et dialectes
La Thaïlande compte évidement de nombreuses autres langues minoritaires (et dialectes), certaines n’étant parfois plus utilisées que par quelques centaines de locuteurs (comme les Mlabris ou « Peuple des feuilles mortes » qui aujourd’hui, ne sont plus que 300 individus dans le royaume). D’après les plus éminents linguistes du pays, une quinzaine d’entre elles devraient être amenées à disparaître d’ici cinquante ans. La promotion du thaï standard, qui vise à renforcer le sentiment d’unité nationale dans toutes les régions du pays (2), est évidement la raison principale de cette évolution.
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(1) Les langues taï-kadaï (ou kadaï) forment une famille linguistique d’une centaine d’idiomes principalement utilisés dans la péninsule indochinoise (Thaïlande, Laos, Birmanie) et dont les principaux sont le thaï, le lao, le shan, le ahom et le zhuang. Elles tireraient leur origine de langues austronésiennes qui auraient été principalement modifiées par l’apport des langues parlées dans le sud de la Chine.
(2) Pour les autorités thaïlandaises, l’intégration des ethnies minoritaires passe avant tout par l’apprentissage de la langue thaïe. Depuis cinquante ans, plusieurs milliers d’écoles ont été bâties dans toutes les régions du royaume, y compris les plus reculées et montagneuses, afin d’éduquer en ce sens les populations nouvellement arrivées sur le territoire national.

Texte: Emmanuel Pervé
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